Mémoire du vent
ADONIS

Mémoire du vent
Poèmes 1957-1990

Préface et choix d’André Velter
Traductions de Chawki Abdelamir, Claude Esteban, Serge Sautreau, André Velter, Anne Wade Minkowski revues par l’auteur
Gallimard, 1991

Adonis compose les psaumes de celui qui a fait du temps son désert et de l’espace sa folie. Il va au cœur du chant, dilapidant les héritages, effaçant les frontières, écoutant le soleil, caressant l’ombre, accueillant la lumière des nuits et s’arrêtant pour renaître au bord d’une source de sang.(…)
Sans attache, parce que déraciné ; sans repos, parce que fils de l’inquiétude et d’une histoire massacrée ; sans illusion, parce que voué à la vision lucide, âpre et nue ; sans faiblesse, parce que revenu des au-delà de l’enfer, Adonis s’abreuve aux étoiles excessives qui égarent plus qu’elles ne mènent aux lieux saints. Sa poésie, hors de toute obédience doctrinale, continue d’interroger et de décaper. Elle aborde, par accélérations successives et sursauts incantatoires le thème d’une identité poétique et humaine, thème inexploré depuis la mise en garde coranique. Ici se cherche l’être même de la parole, entre ruines et enfance, éloignements et sang, amour et légendes.
 » La poésie a sa politique, sa réalité, dit Adonis. La poésie est son propre chemin, son unique but. Elle est le monde. » Et ses poèmes sont comme des aimants coupants qui orientent, éclairent et blessent. Adonis, qui sait ce que l’urgence du désespoir vent dire, parie toujours sur l’horizon des horizons, sur celui qui se révèle au-delà, celui qui porte au-delà, celui qui exige de s’évader hors de soi.
Où qu’il demeure, c’est dans l’éphémère. À Beyrouth, ou à Paris depuis 1986, il cerne le présent, les chausse-trapes du présent, les aveuglements, les misères insoupçonnées, mais aussi les traces de la beauté. Cheminement du désir dans la géographie de la matière, attire les spectres ,les rumeurs d’un nouvel exil. On dirait une déambulation à la périphérie de l’être et du cœur.

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