Faust
Traduite du portugais par Pierre Léglise-Costa & André Velter
Christian Bourgois, 1990
Pessoa, de son adolescence à sa mort, n’a jamais cessé de travailler à ce Faust. D’abord réellement dramatique, sur le modèle de Goethe, l’œuvre en cours d’élaboration s’est peu à peu transformée pour devenir un soliloque lyrique et métaphysique, un drame sans autre personnage que le protagoniste, sans autre théâtre que sa conscience.
De la masse des manuscrits que le poète avait laissés à l’état de brouillons, ses premiers éditeurs avaient tiré un « poème dramatique » de quelques dizaines de pages. C’est seulement en 1988 qu’à été publiée la totalité des fragments de l’œuvre posthume, assemblés dans un ordre plausible, suivant les indications de l’auteur..
Tel qu’il nous est parvenu, inachevé, lacunaire, conjectural, abrupt, inégal, ce Faust a une singulière grandeur. Les affres de l’intelligence aux prises avec la pensée du mystère du monde tiennent lieu ici des passions humaines qui sont le ressort habituel de la tragédie. Jamais un poète n’a autant justifié le mot de Rimbaud : le combat spirituel est aussi brutal que la bataille d’hommes.