LA FAUTE À QUI

Maison de la poésie, Paris 13/14/15 octobre 2004
Avec André Velter, Valérie Rouzeau et Philippe Leygnac (piano, accordina, trompette, flûte, accordéon et percussions)

La faute à qui assemble avec impertinence deux caractères dissemblables s’inventant des parentés sur un air de chanson qu’ils risquent en ouverture. La connivence permet tes dissonances, accorde tes échos, transcende les particularismes et l’harmonie opère. Elle, sans prendre le temps de musarder parle à mi-voix ; elle lit à blanc, s’en tient à son tempo, à bout de souffle, parfois escortée par le son délicat d’une flûte ou d’un accordina. Lui s’appuie sur des percussions, varie sa partition, joue des accords du piano, souligne avec ses mots, librement, un solo de trompette. Tour à tour, il parle Luca, s’emporte aux côtés d’Abdoh Rimb, cherche à dire « la première musique » et, lorsqu’il martèle sa version du Chant des canons, c’est la gorge qui marque le cadence et se prend à chanter.
Leurs paroles se succèdent mais ne fusionnent pas. L’alternance des lectures tresse leur complicité et les mène à l’acmé d’un unique poème à deux « qui tue et chante tout à la fois », pour dire la rumeur, dans le sillage de Celan, de ce qui ne se dit pas. Un long intermède musical permet à l’un et à l’autre de reprendre sa voix. Encore quelques poèmes en solo qui « s’accordent dans le tumulte, le silence ou la fragilité des vies » et le récital s’achève.
André Velter et Valérie Rouzeau disent à deux l’alchimie du poème entre musique et souffle et divulguent l’étendue des registres d’une écriture à l’oreille. Les accents de leur poésie se donnent à écouter en une suite qui décuple tes résonances, prolonge les échos, enchante le réel. L’intensité de telles inflexions poétiques est la marque d’une poésie à dire, engagée, réellement vécue.

Claude Guerre

RécitalsLa faute à qui – Récital