André VELTER & Ernest PIGNON-ERNEST

Sur un nuage de terre ferme

José Tomàs à Grenade, le 22 juin 2019
Édition bilingue, traduction espagnole de Yves Lebas
Actes Sud, 2020

Seul commentaire de José Tomás après sa corrida du 16 septembre 2012 à Nîmes et qui avait épuisé tous les superlatifs : Les dieux de la tauromachie étaient avec nous ! Faut-il croire que les dieux n’acceptèrent pas de se résigner et voulurent partager encore avec les mortels quelques-uns de ces instants d’éternité dont eux-mêmes n’avaient pas le secret ? Car, contre toute attente, le prodige allait se renouveler à Grenade, le 22 juin 2019.

Le poète et le plasticien, pris à leur propre fascination émerveillée, de tenter ici une nouvelle évocation, afin de témoigner qu’il arrive que l’insensé, que l’impossible soient tout soudain de ce monde.

PARCOURS CRITIQUE

En cette rentrée, Actes Sud publie le superbe Sur un nuage de terre ferme, hommage au torero José Tomas, qui le 16 septembre 2012 subjugua le public des arènes de Nîmes par le feu et la grâce de son art, un moment jugé par tous comme fabuleux. Mais l’impossible se reproduisit le 22 juin 2019 avec me torero calligraphe, à Grenade, dont rend compte avec fascination ce dernier volume du duo Pignon-Ernest/André Velter.
Fabien Ribéry / Blog du 8 septembre 2020

D’un trait vif, Ernest Pignon-Ernest montre la grâce impassible du matador « avec juste assez de corps » pour affronter le toro. Le peintre qui sait ce qu’est l’extase, parvient de façon étonnante à saisir à la fois l’immobilité et le mouvement, la grâce de la silhouette du matador et la masse violente de la bête en noir, cette rencontre entre la verticale et la courbe, entre la ligne droite comme un I et l’arabesque qui l’enveloppe de ses cornes.
(…)
Avec ses vers libres, l’écrivain évite toute anecdote, vise droit entre les cornes, pour dire ce qu’est le toreo, la pureté du geste, le calme face à la tempête, le temps qui s’arrête, le corps qui s’efface, tout ce qui ne s’explique pas mais se ressent tellement fort, comme (encore un oxymore !) une explosion silencieuse.
Stéphane Cerri / L’Ar(t)penteur, 14 septembre 2020

Les éditions Actes Sud viennent de publier un livre magnifique, signé du grand peintre Ernest Pignon-Ernest et du poète André Velter : Sur un nuage de terre ferme.
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Disons-le sans fard, cela remonte le moral qu’un artiste de la dimension d’Ernest Pignon-Ernest avance la jambe en compagnie d’André Velter, sans craindre les coups de corne et décrive si bien le moment où comme le dit une citation d’Arthur Rimbaud en préambule de l’ouvrage : « Un Génie apparut d’une beauté ineffable, inavouable même ».
Nous, les taurins, nous sommes vilipendés, méprisés, ostracisés – selon le mot consacré désormais – mais nous avons dans la famille tant de grands peintres comme Picasso, Manet, Botero, Goya ou de poètes comme Cocteau, Machado, Lorca… Ernest Pignon-Ernest et André Velter rejoignent ainsi cette cohorte superbe. Bravo !
Pierre Vidal / Corrida Si, 2 octobre 2020

Ce magnifique ouvrage trouve sa naissance dans les éblouissantes corridas de José Tomas et les instants d’éternité qu’il convoque. Il est finalement question moins de tauromachie que du duende, cette force sombre à l’orée du destin, ce point suspendu dans l’arène, ce pouls que l’on partage avec la terre, avec le sang, avec la bête, avec l’auditoire.
Par ses dessins, Ernest Pignon-Ernest saisit la poésie du mouvement, de l’arête du temps, la poésie des ocres, des traînées de poussières et des souffles coupés, tandis qu’André Velter traduit en mots, dans un récit miroir & bilingue, la grâce de l’affontement. Sublime.
Nush, Zinzinule / Je te suis, 13 octobre 2020

Sur un nuage de terre ferme est un livre touché par la grâce, qui s’accorde au corps immortel du torero.
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José Tomas est devenu un mythe, il n’apparaît que s’il le souhaite, et toujours à ses conditions, et à chaque fois, les arènes chavirent sous les spectateurs qui occupent le moindre espace libre, quand il ouvre le livre des faenas à venir, et il torée à chaque fois à livre ouvert, où peut s’engouffrer le taureau, et où la corne peut déchirer ses pages. L’écrivain et le dessinateur savent cela, comme ils savent sentir ce qui est en train de venir au monde sous leurs yeux. L’un dessine admirablement, touché par la grâce du beau trait, entre fusains et encre noire, le noir, le gris, le blanc composent ces mouvements du taureau et du torero, comme un instantané habité, rayonnant, l’autre écrit un long et beau chant profond, pour un torero qu’il connaît tellement, qu’il est à chaque fois surpris, saisi, admiratif de ce qui se déroule sous ses yeux éblouis par tant de beauté transformée. José Tomas sait qu’il peut compter sur André Velter et Ernest Pignon-Ernest pour poursuivre par les mots et le lignes l’alchimie de son toreo.
Philippe Chauché / La Cause littéraire, 22 octobre 2020

À deux, ils forment un duo expert en déboulés extrêmes comme en réalisations de livres à quatre mains qui sortent toujours de l’ordinaire. Cette fois, ils ont uni leurs voix et leurs traits d’envergure autour d’un célèbre torero que, par passion de l’exercice de vie et de mort qu’il incarne, Velter a suivi en toutes saisons.
Roger Pierre Turine / Arts Libre, La Libre Belgique, 4 novembre 2020

Avec le toreo de José Tomas on n’est jamais porté dans mais sur les bords d’une révélation, du côté de « l’imminence d’une révélation qui ne se produit pas » selon les mots dont usait Jorge Luis Borges pour parler de la beauté. C’est cela qui nous est donné à entendre dès le titre : cet impossible, ce mystère, ce miracle qui voit José Tomas « (camper) sur l’horizon qui à ses pieds / a fixé des vertiges » et nous rendre sensible cette émotion qui vous saisit comme une sorte de « surrection physique et mentale, hors de tout repère temporel, hors de tout verrou social, moral ou idéologique » quand ce qui n’est ni dicible, ni concevable, ni visible se dit soudain et se donne à voir, à concevoir comme un « infracassable noyau de lumière » qui « a le goût, relevé et sauvage, de l’absolu ».
Les dessins d’Ernest Pignon-Ernest et les poèmes d’André Velter vont ensemble, dans le même temps, compagnons mangeant le même pain de « main forte ». Ils ne se contentent pas d’aérer l’ouvrage, ils en sont le souffle et la pulsation intime, interventions en écho ou en effraction, toujours ajustés.
Alain Freixe / Le Patriote n°371, 20 novembre 2020

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