André VELTER

Le Haut-Pays

Gallimard, 1995
Prix Goncourt / Poésie

D’un regard mesure le vide
Accomplis ton œuvre et restes-en détaché
Choisis la flèche invisible d’éternité en absolu
L’évasion où vient éclore la grande aube qui n’est
La cible d’aucun retour.

Avec des pas d’arpenteur
Avec des lunettes d’astronome
Avec des insomnies d’alchimiste
Avec des bottes d’explorateur
Avec une seule mesure d’homme
S’étourdir de démesure
Vaincre à l’infinitif

PARCOURS CRITIQUE

Le singulier singularise singulièrement l’œuvre d’André Velter : elle est unique. Certains ont comparé Velter à Rimbaud. L’entreprise n’a pas de sens. Velter c’est Velter, voilà tout.
Yanny Hureaux / L’Ardennais, 5 octobre 1995

Un lyrisme frémissant, nomade, jamais empesé. Une belle leçon d’horizon et de transparence.
Patrice Delbourg / L’Evènement du Jeudi, 12 octobre 1995

On évoquera le « Tibet » de Segalen pour ce long poème, cette traque fervente du pays blanc.
Jean-Paul Ribes / La Lettre du Tibet, novembre 1995

L’éveil, ce partage de l’essentiel, André Velter le mène haut la main avec ce qui signe la vraie démarche du poète, cette clarté intérieure du vers rendant la parole aussi nécessaire que l’eau dans le désert.
Dimitri T. Analis / Le Monde, 10 novembre 1995

Dans Le Haut-Pays, André Velter nous parle d’une Asie intérieure, et de la nécessité de sa présence. L’Asie – et en particulier le Tibet – en devient une vocation : on y accède au vertige comme à la sérénité, à la conscience et à la prescience, au besoin de se désincarner et à celui de se réincarner. L’expérience est de tous les instants, avec une économie de moyens et une majesté on ne peut plus subtile. Celui qui parle est toujours l’autre : le moi inconnu enclin à dire la fin et le commencement, le mystère et l’évidence. Le poème en acquiert une étrange et impalpable plénitude.
Alain Bosquet / Le Figaro, 21 décembre 1995

André Velter, l’archer-poète, vise les cibles de la sagesse à travers l’infini des paysages.
Dominique Grandmont / L’Humanité, 29 décembre 1995

Superbe chant épique inspiré par le Tibet et l’Himalaya : Le Haut-Pays, composé de textes multiformes qui tous éveillent quelque chose en soi de subtil, d’indéfinissable, de précieux, d’abrupt, comme un parfum des cimes et d’éveil. On aimerait tout citer tellement c’ est beau et fait prendre souffle dans la lumière.
Marc de Smedt / Nouvelles C1és n°8, décembre 1995

Poème unique puisque sa thématique (le désert, la philosophie du vide) finit par s’imposer à la grande variété des formes et aux tonalités gagnées sur la phrase descriptive. Le Haut-Pays, est, après L’Arbre-Seul, le second livre phare que nous donne, en cinq ans, un écrivain qui s’impose, la cinquantaine venue.
Gérard Noiret / La Quinzaine littéraire, 1-15janvier 1996

André Velter, la poésie de vive voix : il est l’homme des grands voyages sur la terre et dans la tête.
Didier Méreuze / La Croix, 29 janvier 1996

Il est des poètes qui ont besoin de s’élever, au propre comme au figuré, afin d’être en meilleure adéquation avec eux-mêmes. André Velter appartient à cette race des conquérants de l’inutile, autant dire de l’essentiel. Explorateur des royaumes d’altitude ou montagnard de la métaphore, celui-ci est plus à l’aise sur une ligne de crête à cinq ou six mille mètres d’altitude que dans les plaines balisées de la grise modernité.
Jean Orizet / Revue des Deux Mondes, janvier 1996

Voyageur, André Velter ? Le terme est si galvaudé, avili même, qu’on hésite à l’écrire. II n’est pas de voyage s’il n’est intérieur. L’ailleurs, en soi. Velter aime les Himalaya pour la leçon de dure beauté qu’ils proposent – donc de morale ou, si l’on préfère, de sagesse.
Claude Michel Cluny / Lire, mars 1996

Ce poème, très prenant par l’expérience qu’il présente, d’un voyage bien réel qui est aussi voyage de vie intérieure, l’est aussi par sa diversité d’écriture, de la prose au vers ample ou réduit à un seul mot, de l’énumération épique à la méditation ascétique. Un recueil maîtrisé et pénétrant, une réussite d’André Velter.
Marie-Claire Bancquart / Europe, mars 1996

Le Haut-Pays est un livre « gai » (il y a bien un gai savoir…) ou plutôt allègre, par son rythme, sa légèreté. Livre mystique, dirais-je volontiers, mais d’un mysticisme joyeux, où le vide est ce sur quoi se dessine, naturellement, toute vie. Un mysticisme qui ignore la culpabilité, un mysticisme de l’exercice, au sens étymologique, de la pratique physique, du souffle qui rythme le corps, l’accompagne dans son mouvement.
Benoît Conort / Le Français dans le monde, février-mars 1996

Très beau poème au souffle long et rythmé, pénétré de cette sérénité durement conquise au soir de la longue errance qui a conduit le poète jusqu’aux frontières ultimes de ce Haut-Pays.
Bernard Mazo / Poésie 1, avril 1996

Ces textes d’une ferveur intense et d’une parfaite plénitude, ne sont pas des actes de piété. Le lecteur est d’abord touché par l’approche physique que s’est imposé Velter : le jeu des muscles, le silence, l’ivresse des visions et la montée du chant.
Bruno Sourdin / Ouest France, 25 avril 1996

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