André VELTER

L’Arbre-Seul

Préface d’Alain Borer
Poésie / Gallimard, 2001

FADO
à Pierre Léglise-Costa

Il avait tatoué sur son coeur
le nom intraduisible
d’une femme de néant : Nada

Nada, ma nuit de rien
Nada, mon ombre fauve
Nada, pour le rire et le non

Il psalmodiait avec ivresse
ce mantra de carbonne
en souvenir de l’or

Nada, ô ma sultane
Nada, ma déchirure
Nada, pour la fin des fins

Sous son masque de cendre
il suivait du regard
une sombre déesse

Nada, au goût d’orage
Nada, de corps et d’esprit
Nada, qui efface tout

Nada, portée à l’infini

PARCOURS CRITIQUE

Chaque poème d’André Velter est une oasis, une halte privilégiée entre passé et présent, mythe et réalité.
Jean Chalon / Le Figaro

L’Arbre-Seul pourrait être considéré comme un journal intime, s’il n’était en même temps le journal du recommencement de l’être, de sa re-naissance ou résurrection, dans le feu noir d’un voyage à ne prendre jamais fin puisqu’il se situe, simultanément, dans « l’espace du dedans » cher à Michaux et dans les étendues encore énigmatiques d’un atlas où se trouvent privilégiées les terres asiatiques, Inde, Afghanistan, Tibet ou Sinkiang.
Charles Dobzynski / Europe

J’avoue avoir beaucoup aimé ce livre d’aventures et d’explorations personnelles, où le quotidien côtoie le mythe, où le sordide peut devenir grandiose, entre souffle et sortilège.
Jean Orizet / Le Figaro Magazine

André Velter, l’ouvreur d’espace. Son livre est mieux qu’un brillant carnet de voyage. Son pays ? C’est le dépaysement lui-même.
Dominique Grandmont / L’Humanité

André Velter s’approche au plus près d’une quintessence qui, pour un peu, nous paraîtrait grâce à lui accessible.
Chantal Aubry / La Croix

L’Arbre-Seul, d’André Velter, un recueil où la poésie vit d’une aventureuse nécessité.
Josyane Savigneau / Le Monde

L’Arbre-Seul constitue l’une des entreprises lyriques les plus imposantes et les plus enrichissantes de ces vingt dernières années, et un ouvrage qu’il faut d’ores et déjà considérer comme un livre de chevet : une poésie de défi, d’épanouissement et d’extrême exigence.
Alain Bosquet / Le Quotidien de Paris

André Velter est un des rares poètes français capable de ne pas vivre l’expérience de la perte de soi comme une impasse, mais au contraire comme un « gain de lumière ». (…) André Velter, ou comment « tutoyer les incendies du dedans ».
Jean-Marie Le Sidaner / Le Magazine littéraire

L’Arbre-Seul, vaste poème où le dépaysement joue de toutes ses gammes (…), un livre que je tiens pour exceptionnel dans la production déjà abondante et remarquée d’André Velter. (…) Une musique telle qu’il s’en entend peu, de ces jours. Et un document sur la qualité et la délicatesse de la vertu.
Henry Deluy / Révolution

L’Arbre-Seul que j’ai lu et relu m’a convaincu que la parole d’André Velter porte et portera sans cesse davantage. J’aime cette parole.
Alain Jouffroy / France Culture

Dans ce livre superbe où la diversité formelle n’a d’égale que la multiplicité de ses parcours, je n’ai pas aperçu une seule page, pas un vers, pas un mot qui soit en excès (…) tout y relève de cette nécessité interne qui fait la poésie, celle qui cherche et trouve son territoire dans « le songe d’un songe », dans un au-delà du regard qui sonde au plus profond la véritable humanité. Seuls les grands poètes du voyage, Claudel, Ségalen, Cendrars, Michaux savent mettre en relation l’Atlas géographique et l’espace du dedans »: André Velter est de ceux-là.
Lionel Ray / La Nouvelle Revue Française

Voyageur exact, imprévisible, capable de voir les vivants et d’écouter la plainte des morts dans leur sépulture étroite, Velter est un nomade chargé de racines, de mots qu’il sème, d’échos capturés pour le bonheur d’une mémoire.
Claude Michel Cluny / Lire

Avec L’Arbre-Seul, André Velter signe sans doute son plus beau livre. (…) L’Arbre-Seul peut se définir comme l’expression d’une volonté qui cherche à embrasser tout le réel, à élaborer la définition d’un point d’où rayonnerait la totalité de l’humain. Quelque chose aussi comme une musique à la fois discordante et harmonieuse, et dans laquelle on plonge comme dans un bain de jouvence.
Benoît Conort / Le Français dans le monde

Parmi les œuvres ouvertes de cette époque, L’Arbre-Seul et son chant suivant ne représentent plus ce « dernier instant » qui donnait au poète ancien la satisfaction définitive. André Velter n’accomplit pas quelque chef d’œuvre intérieur enfin délivré, mais organiquement tend l’arc de vivre: l’art d’écrire et l’art de vivre se confondent. Vertical, L’Arbre-Seul écoute le vent qu’il fait chanter, produit l’ombre et l’élan: la poésie n’est plus le passage d’une forme impure à une forme pure, mais une forme changeante en soi, « voilier du vide »; la vibration même est son œuvre, allant de soi, livrant ce qu’elle ne croyait pas contenir.
Alain Borer / Marges n° 4

La poésie d’André Velter est perpétuel questionnement, remise en cause des cloisons de la réalité. Le lyrisme de L’Arbre-Seul est ambitieux: c’est à la lois une conquête de la langue et une réflexion sur la place du poète dans le monde et la littérature.
Jean-Yves Reuzeau / Dictionnaire des œuvres du XX° siècle, Le Robert

PoésieL’Arbre-Seul