André VELTER & Ernest PIGNON-ERNEST

Au feu du désir même

Poèmes attribués à Guillaume de La Mercie
Actes Sud, 2022

Les poèmes de ce livre, attribués à un certain Guillaume de La Mercie, apparaissent comme des variations libertines, aussitôt revendiquées par quatre poètes en quête de sensations inédites, et qui sont plus que des prête-noms. Rien là qui s’apparente à un artifice, le pari étant de restituer intensément les jeux divers, charnels et hasardeux de l’amour.
Quant aux croquis à main levée, aux évocations sensuelles et ardentes, aux gestes les plus vifs qui accompagnent cette édition, ils participent d’une aventure évidemment différente. Ils se sont succédé au long de plusieurs décennies dans les carnets personnels d’Ernest Pignon-Ernest, ou sur des feuilles volantes réapparues soudain, et ils se donnent là, non pour illustrer, mais pour exalter, enfreindre, décliner les voluptés.
Si ces textes et ces images se voient qualifiés d’érotiques, ce sera donc à bon droit tant ils entendent célébrer le plus profane des plaisirs, celui qui sait être à la fois divin et démoniaque.

PARCOURS CRITIQUE

Attribuées à un certain Guillaume de La Mercie, ces variations libertines sont aussitôt revendiquées par quatre poètes en quête de sensations inédites. Sous de tels avatars se cache André Velter. Orphée change à son bon vouloir de statut : Sexus Imperator un instant, fétichiste pour une heure, Minotaure une nuit, captif entre chien et loup. Bref il fait abstraction de tout interdit. Et les croquis d’Ernest Pignon-Ernest aux évocations sensuelles et ardentes accompagnent ces pérégrinations.
Jean-Paul Gavard-Perret / LE SALON LITTÉRAIRE, 1er février 2022

Désormais on peut chanter librement le corps nu, celui qui éveille le sens. C’est ce que font les deux vieux complices avec une énergie toute juvénile. Avec eux les lignes et les mots riment et s’animent. Le livre nous entraîne « au feu du désir même » avec une allégresse communicative. André Velter et Ernest Pignon-Ernest appartiennent plus que jamais à la famille de Rimbaud. Loin des médiocres péripéties de l’actualité, ils nous apportent, selon son exigence, « l’ éternité sur le champ ». Tout simplement. Que demander de plus ?
Jean-Luc Chalumeau / VERSO, 3 février 2022

Ce sont quatre approches de l’amour, quatre déclinaisons érotiques, quatre célébrations du plaisir, quatre blasons du corps féminin qui se déroulent voluptueusement ici. Quatre intenses restitutions des jeux de l’amour et de la chair, chacune avec son parfum, l’un plus raffiné, un autre plus sentimental, un troisième plus brutal et cru, un quatrième plus transi. Je vous en offre un, un seul, un des plus sages, point trop n’en faut ici : « Tu es nue / Le jour la nuit / Les heures sans heure / Lente déclinaison d’un soleil / Qui ravive son être son nom / Son corps d’étoile ».
Marc Lénot / Le Monde – blog « Lunettes Rouges », 9 février 2022

Clairement, c’est pour adultes. Une poésie érotique, crue, sensuelle, raffinée. À lire à deux, illustrée par les dessins explicites d’Ernest Pignon-Ernest. Un jeu charnel et impudique. (…) Il faut saluer aussi la maquette de Christel Fontes, ses bleus sourds et ce génie de la mise en espace et des jeux typographiques.
Anne Kiesel / Ouest France, 14 février 2022

Publiés chez Actes Sud, l’ouvrage à la conception graphique époustouflante est illustré par des croquis fulgurants d’Ernest Pignon-Ernest. Coquins, hardis, voire sublimement hard, ils ont pour mission de transfigurer, de transcender, mais de ne jamais tenter de transgresser des poèmes « attribués à Guillaume de La Mercie ».
Yanny Hureaux / La Beuquette, L’Ardennais, 14 février 2022

Entre le poète et l’artiste, la collusion est si évidente, si fréquente au fil de plusieurs dizaines de livres que les voir réunis en devanture d’un nouvel album est, déjà en soi, un gage de petit bonheur garanti. Le bonheur d’un livre qui ne se range pas, ne s’oublie pas et se relit l’âme aux aguets de réjouissances complices. Ne fermons pas le livre trop hâtivement, ses secrets sont à lire entre les lignes, les mots, les déliés et les pleins.
Roger-Pierre Turine / Arts Libre, La Libre Belgique, 16 février 2022

L’érotique n’est pas l’art le plus facile, loin de là : il demande un pouvoir d’évocation rare. Ces poèmes attribués à Guillaume de La Mercie, brûlants, réussissent brillamment le pari, accompagnés des croquis charnels du grand plasticien Ernest Pignon-Ernest, pleins de matière et de texture, parfaits comme toujours.
Siné Mensuel, mars 2022

Sans déflorer davantage cet ouvrage à la mise en page aussi variée qu’élégante, édité avec grand soin, on retiendra enfin la puissance évocatrice des étreintes ardents dessinées par Emest Pignon-Ernest, grand artiste urbain de l’éphémère — mais inoubliable tant il sc saisit partout de l’esprit de chaque lieu, du drame de chaque vie qu’il relate in situ, voire sur les ruines des tragédies collectives qui ensanglantent le monde. Non seulement l’érotisme n’est pas étranger à son art, mais toute sa création est porteuse d’amour de l’humain dans tous ses états. Sa présence dans ce livre magnifique redouble le plaisir du texte, en harmonie heureuse, sans intention ni obligation de l’illustrer.
Michel Ménaché / Europe, juin 2022

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