Le livre de l’outil
Messidor, 1976 – Réédition Phébus, 2003
Un livre comme celui-là se doit d’être présompteux; mais avec rigueur. On évoque l’outil, et nécessairement, on mobilise toute l’aventure humaine, l’invention d’objets d’action et de transformation se révélant le signe décisif de l’humanité, autrement dit, de la différence. Et cette preuve s’élabore à la portée de la main, car dans l’affrontement primordial avec la matière, c’est la main qui découvre, expérimente, modifie : la pensée, alors, se pratique.
Publié il y a un quart de siècle dans un concert d’éloges où se rejoignaient Bernard Pivot et René Char, Le Livre de l’Outil était depuis longtemps considéré comme un classique de l’art… mais un classique fantôme qu’on ne trouvait plus que chez quelques libraires d’ancien. L’éditeur d’origine ayant disparu, et les films d’impression n’ayant finalement jamais pu être retrouvés, on a dû faire appel ici à la technique de pointe du scanner pour regraver la totalité de l’ouvrage à partir des planches imprimées de l’édition originale… pour en tirer (les premiers essais d’impression le prouvent avec éclat) une édition plus luxueuse encore que la première. Les amateurs et les simples curieux pourront donc bientôt se familiariser à nouveau avec les noms, les formes, l’usage de quelques centaines d’outils mystérieux dont beaucoup ont disparu… et d’autant de métiers fascinants, déjà menacés par l’oubli. Plus d’un millier d’images commentées avec autant d’érudition que de passion où revivent tous les grands « métiers » de la Terre, du Bois, du Métal, de la Pierre, du Cuir, du Verre… Et une occasion unique de renouer avec « la sublime lenteur de la main inspirée, ravisseuse. »
René Char