Le jeu du monde
Cartes à Yanny
Où que je sois, sitôt quitté la France, j’écris et envoie une carte postale à un seul et unique destinataire reclus dans un village des Ardennes. À Delhi, Mexico ou Séville, comme à Antioche-sur-Oronte, Lo Manthang ou Makassar, le rituel est intangible. S’il doit tout à l’amitié, il témoigne aussi d’un goût immodéré pour les changements de lieux, les itinéraires déroutés et le déferlement des questions sans réponse.
À quoi ressemble donc le jeu du monde? Est-ce une marelle, un échiquier ou plusieurs fois 52 cartes? Peut-être, ici et là par tous les plis de la terre, ces trois divertissements vont-ils se conjuguer, en sorte que les rebonds à cloche-pied d’une enfance qui ne veut pas finir provoquent un vagabondage planétaire, escorté de cavaliers, de fous, de quelques tours pas encore écroulées, avec toujours assez d’atouts en main pour relancer la partie et refuser de faire le mort.
PARCOURS CRITIQUE
André Velter a le talent de saisir en deux phrases ce qu’il voit, ce qu’il ressent, ce qui s’invite en sa mémoire, les pierres et les ciels parlent. L’écriture comme le vent n’est jamais empêchée par quelque douanier de la littérature, par quelque barrière de bois ou de pierre, elle file son chemin, glisse entre les doigts de l’écrivain, et il écrit d’un trait, d’un jet, d’une envolée, porté par une aventureuse nécessité.
Philippe Chauché / La Cause littéraire, 7 mai 2016