Ernest PIGNON-ERNEST & André VELTER

Ceux de la poésie vécue

Actes Sud, 2017

La poésie a la vie dure, même si on l’annonce régulièrement à l’article de la mort. C’est que pour ceux qu’exaspère l’ordre meurtrier du monde, la poésie est affaire d’engagement existentiel. Elle garde trace des expériences vécues et des risques pris. Elle dit le réel, mais en le révélant plus vaste, et d’une prodigieuse intensité. Elle conjugue visible et invisible, sursauts intimes et songes partagés. Elle s’impose comme le chant profond des vivants qui ne renoncent pas aux effractions, aux abîmes, aux combats, ni aux enchantements inouïs de la vraie vie.
Ernest Pignon-Ernest multiplie les interventions par les rues et sur les murs des villes en compagnie de poètes irréductibles, capteurs de signes, porteurs de paroles, de révoltes, d’utopies. De Rimbaud à Antonin Artaud, de Nerval à Robert Desnos, de Verlaine à Pier Paolo Pasolini, de Federico García Lorca à René Char, sans oublier Baudelaire, Apollinaire, Cendrars, Maïakovski, Éluard, Aragon, Michaux, Hikmet, Neruda, Genet, Mahmoud Darwich, il n’a cessé de fixer avec eux des rendez-vous complices.
Au plus près, par le verbe et l’action, de ces grands singuliers, André Velter est tout naturellement entré en résonance avec cette aventure qui met la poésie à l’épreuve du monde et des hommes, sans omettre d’affirmer qu’envers et contre tout il est possible, ici et maintenant, de tenir parole, de ne pas baisser la garde, de ne pas être indigne de soi, ni de ses rébellions, ni de ses désirs.

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